• Il ne vous aura pas échappé que ce blog n'est plus très actif depuis quelques mois. Vous pouvez désormais nous retrouver sur notre site www.lesediteurslibres.com et continuer à suivre notre actu d'éditeur indépendant, continuer à découvrir les lieux de l'art si vous en avez marre du regard unique et froid imposé par les musées contemporains, les cultures actuelles si peu présentes dans l'univers du livre et des écrivains, nos découvertes et bien sûr tous nos livres .

    Fidèle à notre engagement de produire des livres d'un nouveau genre sur les cultures populaires, j'en profite pour annoncer la sortie déjà remarquée d'Explicit Lyrics, Toute la culture rap ou presque, petit bijou de savoir et d'humour sur une culture riche et complexe écrit par un jeune auteur, David O'Neill. Plus d'info ici.

     

    A très bientôt, et merci à tous vos messages ! 


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  • Après le billet sur le Musée international des arts modestes à Sète, anti-musée ou post-musée, la question reste ouverte, une autre œuvre-lieu assez méconnue même si les aficionados de l'art moderne du monde entier en ont fait leur Mecque.

    On se rend à la Fondation Maeght comme à Saint-Jacques, à pied, le long d'une ruelle des faubourgs de Saint-Paul de Vence qui continue en chemin buissonnier vers un vieux monastère. Au-dessus du lieu de pierre et de chaux, un lieu mystique de béton et de terre.

    Sous les pins, mis en grâce par un savant éclairage diffus et aléatoire filtré par le vent et les cimes vertes, une œuvre unique, le bâtiment du catalan Sert et les installations de Calder, Miro, Giacometti et toute la génération moderne. C'est l'œuvre d'un couple de marchands d'art version fifties, genre comme on n'en fait plus. L'amour de l'art avant l'amour du placement.

    Je n'en dirai pas plus sur Marguerite et Aimé Maeght parce qu'au fond je ne les connais pas vraiment. C'est donc par pur préjugé que je les conçois. Mais cette œuvre offerte aux collines de Saint-Paul et à leurs pèlerins témoigne sans doute d'un cœur sublime.

     

    Le décrire serait une gageure. Au moins autant que de le photographier. Aucune publication sur cette œuvre ne reflète véritablement la réalité changeante et souple d'un lieu mobile. On est pleinement dans une forme de langage, un réseau de signes nouveaux capables d'émettre des messages inconnus jusque-là. Les formes-couleurs de Miro défiant l'espace de la toile et les jeux de la ferraille de Calder avec le vent et la lumière s'imposent comme un pacte de lecture. Combien de fois les ai-je vus dans les white space de Beaubourg du bout du regard sans rien n'y comprendre. Si vous êtes dans ce cas, je ne peux que vous inviter à l'initiation de Saint-Paul (de Vence).

     

    Que n'a-t-on pas craché sur les tombes des architectes bétonniers des années modernes. Josep Lluis Sert est l'un d'eux. La beauté de sa sculpture à ossature de béton armé, sur plan carré, à l'instar de tout ce qu'on a construit de logements collectifs, hôtel des impôts et WC d'autoroute dans ses années-là, invite tout de même à regarder autrement une architecture jusqu'ici sans esthétique. C'était le cas des bâtiments en fonte et briques rouge du premier siècle industriel, ceux-là même qu'aujourd'hui tout édile local a du mal à rayer du cadastre devant la mobilisation de ses électeurs.

     

    Quoi qu'il en soit, aller faire un tour à la Fondation Maeght devrait faire partie des rituels de nos vies, comme l'on allait à Saint-Jacques, Rome ou Jérusalem. Aller faire vœux de pénitence pour avoir méconnu l'humanisme d'une génération de créateurs que l'on a honni sur le bûcher de nos carences postérieures.

     

    Le dialogue qui s'instaure avec les fondateurs nous remet les pendules à l'heure. Ils nous parlent de leur mystique alors qu'on les disait iconoclastes, plus primitifs que modernes, leur respect de la nature nous l'impose, pauvres bobos que nous sommes, BOurgeois de Calais-BOhémiens de l'esthétique.

     

    Petit conseil : la fondation Maeght ferme très tôt (genre vers 18h), ce qui est vraiment dommage. Je n'ose imaginer le fantastique d'une visite nocturne. Arriver en fin de journée, quand le soleil prend des couleurs et des angles imaginaires. 1h suffit amplement, à moins d'être vraiment contemplatif, auquel cas arriver très tôt pour pouvoir partir très tard.

     

    Photo : Entre colère désespéré du paysan révolté et le rite magique aux forces de la nature, Miro s'adresse au ciel de Provence.


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  • "Transgresser le sommeil, transgresser cette expérience commune pour se sentir dans l'activité de l'imaginaire, dans le rêve éveillé. Se sentir éveillé par la pratique d'une activité nocturne "gratuite" en opposition à une activité de jour généralement rémunératrice, échapper de la sorte à la mercantilisation d'une autre activité de l'homme. Sans doute y a-t-il aussi comme une Nuit des temps de l'écriture et du dessin, une scène primitive de l'activité humaine, une genèse de l'art pariétal qui se rejoue.

    Au réveil, des endroits auront changé, peut-être même assisterons-nous à une naissance ? "Un nouveau taggeur qui a déchiré  tout le tunnel de la 9 à Paname !"

    Extrait de "Nocturnes", Gabriel Joly-di Nunzio dans AnART, graffitis, graffs et tags , Les éditeurs libres .

    Photo : Carlos Alberto Gutierrez-Moya dans AnART, Graffitis, graffs et tags.


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  • AnART, c'est une synthèse des réflexions de jeunes chercheurs et créateurs interpellés par les graffitis, phénomène de création et de diffusion artistique le plus massif de l'histoire, et pourtant le moins étudié.

    Il n' s'agit ici ni de sociologie de la délinquance, ni d'admiration béate pour tout ce qui peut se griffonner sur un mur, un wagon ou des toilettes d'autoroute.

    Par leurs questionnements textuels, photographiques et graphiques, les auteurs réunis dans ce livre montrent que la prouesse n'est pas forcément où on l'attend... 


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  • "Trop souvent lorsque l'on parle de graffiti, on oublie de définir clairement l'objet du discours. On a tendance à parler de graffiti au sens large, évoquant sans distinction les graffiti de Pompéi, les petites phrases sur les murs des toilettes, les tags, les peintures de Jean-Michel Basquiat et les dessins de Keith Haring. Il est très difficile, dans ces conditions, de ne pas se perdre et d'aborder quelque sujet que ce soit avec précision. Nous ne traiterons ici que de ce que certains appellent le "writing", d'autres "le graffiti hip hop". [...]

    Le graffiti hip-hop, né à la fin des années 1960 à New York et à Philadelphie, se décline en plusieurs formes dont les plus courantes sont le tag, le throw up et la pièce (appelée aussi piece ou graff). Le tag est une signature : ses lettres stylisées forment un nom qui prend pour chaque writer une forme quasiment invariable. D'une seule couleur le plus souvent, de taille généralement réduite et réalisé d'un geste rapide, il se prête bien à une diffusion massive. Le throw up est un lettrage qui reprend également le plus souvent le nom du writer, mais en lettres de plus grande taille. Les lettres sont assez simples dans leur composition et peu de couleurs sont utilisées. Cette forme implique un déplacement pour le writer (et non pas uniquement un mouvement de bras, comme pour le tag) mais sa réalisation reste rapide. La pièce reste en général un ensemble de lettres représentant le nom du writer, mais sa composition peut être très complexe, avec des lettres parfois totalement décomposées et réinventées. Des éléments extérieurs au lettrage viennent souvent s'y ajouter : ombrages, décors, flèches, commentaires, tags qui viennent signer le travail..."

    Extrait de "Writing : supports et formes", Olivier Desvoignes, dans AnART, graffitis, graffs et tags.

    Photo : Samuel Challeat, dans AnART, graffitis, graffs et tags


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