• Musée d'art et d'industrie, musée branché (Saint-Etienne)

    Dit comme ça "musée d'art et d'industrie", de surcroît à Saint-Etienne, ça fait pas forcément rêver. Pourtant Saint-Etienne vaut le déplacement pour ses musées. Un exceptionnel musée d'art moderne, assez bien connu maintenant, mais aussi son musée d'art et d'industrie. C'est le premier musée de la ville, né au XIXe siècle sous l'impulsion du puissant patronat d'industrie local, pour vanter les produits des industries stéphanoises, et former les ouvriers (ce qu'on appelait alors un "musée de fabrique").

    Après une crise d'identité consécutive aux restructurations industrielles des années 1970-1980 (notamment fermeture de Manufrance et de la MAS, symboles de la grandeur industrielle de la ville), ce musée d'industrie a fait peau neuve avec un nouveau projet muséographique, tourné vers les représentations sociales et l'histoire culturelle. C'est aujourd'hui un beau musée de société (on voudrait que tous les musées de société de province ressemblent à celui-ci) qui présente les 3 grandes industries de la ville : une fabuleuse collection de cycles (du monocycle du XVIIIe siècle aux prototypes actuels), une section textile vivante (voir la salle des métiers à tisser que des anciens ouvriers font marcher certains jours) et une extraordinaire collection d'armes.

    Pour ceux que les armes rebutent ou ne bottent pas tellement, la muséographie et les visites guidées valent vraiment le coup. Une belle collection d'armes historiques (du Moyen-âge au XIXe siècle) et les différentes productions de la ville proposent un discours sur la place de l'arme - répulsion/fascination - dans notre société. La muséographie - on doit l'aménagement à Jean-Michel Wilmotte - isole certaines pièces pour en célébrer l'esthétique. L'exposition permanente nous montre comment les fabricants d'armes ont toujours cherché une esthétisation de leurs produits, afin de rendre plus familier ce terrible objet. Voir le fusil ideal, produit par Manufrance à la fin du XIXe siècle, et qui paraît tout droit sorti d'un atelier de designer contemporain. A la suite de l'exposition "Bang Bang" des pièces originales devraient intégrer l'étage des armes : oeuvres d'artistes contemporains, art populaire.

    Les expositions temporaires amènent une originalité supplémentaire. Souvent le fruit de collaborations inattendues ("Bang Bang" avec le Musée international des arts modestes de Sète), elles inventent de nouveaux regards sur les collections industrielles, bien loin des écomusées des années 1970. Actuellement, une exposition de haute couture (Lacroix, Sorbier, Chanel, Gaultier), "Les enrubannées" ou comment le ruban (spécialité des usines stéphanoises) devient un matériau fertile de création. 

     

     


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