• Salon du livre : J - 7

    Et voilà, c'est reparti, comme chaque année les vaches partent et les livres arrivent Porte de Versailles. Nos 11 (12 ?) candidats à la présidentielle vont-ils, après les agriculteurs, les chasseurs et les chefs d'entreprise, venir rendre une petite visite de courtoisie à nos amis éditeurs ? Ca peut être en tout cas pour certains une bonne opportunité pour élargir leurs lectures (Victor Hugo et Fred Vargas auraient-ils du souci à sa faire ?).

    Nous, nous n'y serons malheureusement pas. Enfin, si, mais comme vous, dans la foule. Nous sommes encore trop jeune, et dans le livre, il n'y a apparemment que la maturité qui compte. Ici, point de saltimbanque, de festival off et autre stand économie solidaire. Ceci dit, c'est quand même l'occasion de voir des éditeurs (des vrais) et des auteurs (des vrais aussi). Pour ça, il faut éviter les grosses machines type Gall***, Hach*** ou Le S***. Sinon, mieux vaut aller à la FNAC, jusque dans la déco c'est pareil. Et puis c'est les mêmes piles de bouquins que ceux qui inondent tout l'année nos têtes... de gondoles.

    Mais sorti des gros machins, on ne peut qu'être surpris de la vitalité et du foisonnement des éditeurs en France (dans la famille exception culturelle, c'est la grand-mère). Et là, on en revient immaquablement à nos candidats : on a bien compris que les conseillers spéciaux et autres sondeurs ont réglé la question de la Culture dans la campagne présidentielle. Et si on ne l'avait pas compris, le récent dossier de Télérama sur les propositions culturelles des différents candidats (et leurs goûts personnels : d'où la pique sur Hugo-Vargas, que je ne vais pas développer parce qu'on ne tire pas sur une ambulance) a eu le mérite de clore définitivement la question.

    Alors il ne s'agit pas de sauter sur sa chaise comme un cabri en criant "la culture ! la culture ! la culture !" (pour filer la métaphore présidentielle) : la Culture est dans notre pays bien dotée, qu'on se le dise ! 1 % du budget de l'Etat pour le ministère en proportion c'est pas beaucoup mais en chiffre, ça va quand même chercher dans les 10 milliards. Mais surtout les collectivités territoriales ajoutent une part énorme à cette action. Nombreuses sont désormais les villes qui consacrent près d'un quart de leurs dépenses à la culture. Donc plus d'argent ne changerait pas forcément la donne.

    Le problème c'est aujourd'hui de savoir ce qu'on appelle politique culturelle. Et si l'on suit toujours le fameux dossier de Télérama et la définition qu'en donne chaque candidat, c'est à la fois pas grand-chose et un peu tout. Puisque je pastichais de Gaulle il y a à peine un paragraphe, je rappelerai une de ses célèbres formules incantatoires. Annonçant la création d'un ministère pour les affaires culturelles (il n'y en avait pas avant lui), avec ses grand bras, son vieux pardessus rapé et sa dégaine de super-dupont, il imposait, sans autre forme d'explication : "la culture domine tout". La messe était dite. Depuis, l'action de l'Etat en matière de Culture a tenté des ajustements : "tout domine dans la culture", "toute la culture domine", "Culture, vos beaux yeux d'amour mourrir me font", "la culture c'est comme le cochon, tout est bon", furent les grands axes de notre "exception nationale" (laquelle exception aucun ministre ou président la défendant n'a jamais su la définir).

    Il y a quand même quelques vrais enjeux. Le financement du cinéma ou le système de l'intermittence, au point que leur mobilisation fait toujours figure de mobilisation pour le maintien de l'action culturelle en général. En dehors de ça, on rénove les musées, on achète des oeuvres, on nettoie des monuments... Et les livres dans tout ça ?

    Il en va en fait des livres comme de la PAC (tiens, voici revenir le Salon de l'agriculture). Il y a bien un système de redistribution, à coup de subvention du Centre national du Livre, mais il profite surtout aux maisons qui n'en ont pas besoin (l'équivalent des gros céréaliers). A côté, le bon livre du terroir, bien bio, bon pour la santé et qui ne dégrade pas l'environnement (au sens strict du terme : il serait intéressant d'étudier l'impact sur l'environnement des centaines de milliers d'exemplaires de confessions de people qui paraissent chaque année en France : des centaines d'hectare d'Amazonie ?).

    Il y a des livres utiles, pour le progrès de la connaissance, la démocratisation du savoir, l'épanouissement de chacun, la liberté de l'information, la richesse du débat social, et aussi ceux qui nous font voyager, rêver, frissonner, très utiles quand on doit passer deux heures par jour dans un train de banlieue, ou qu'on n'a pas sommeil. Et puis il y a les autres livres.

    Le Salon du livre, c'est la seule occasion de s'en faire une idée (même si les tout petit comme nous n'y sommes pas encore). C'est surtout l'occasion de réaliser que l'offre d'une grande enseigne n'est pas la même que celle du libraire du coin de la rue, qui n'est pas la même que celle du libraire de l'autre côté de la rue, etc.

    Et puis ce serait bien que pour les candidats à la présidentielle qui passeront par là, de voir que tous les livres ne se valent pas. Et puis s'ils en arrivaient à se poser la question fatidique : à quoi peut servir un livre ? alors, les propositions ne manqueraient pas de pleuvoir. Et pour tous les tenants de la rupture plus ou moins tranquille - ils sont nombreux dans le cru 2007 - peut-être imagineraient-ils une France qui change... en lisant.

     


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    1
    paglop
    Dimanche 18 Mars 2007 à 19:16
    Affiche
    C'est bien vu. Mais je suis pas sûr que les concepteurs de l'affiche ont bien compris comment on utilisait les livres.
    2
    beatnik74
    Dimanche 18 Mars 2007 à 19:21
    Bien, ce blog
    C'est vrai que le problème du salon du livre, c'est la visibilité réduite dont disposent les petites structures. Même pour un lecteur désireux de découvrir des nouveautés (et ils sont quand même nombreux au salon), c'est difficile d'échapper à la majorité des stands à la "centre culturel E. Leclerc".
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :