• Il fait beau, on commence à penser vacances. Comme d'hab' il y aura ceux qui vont aller le plus loin possible pour s'enfermer dans une résidence à peine exotique et bien clôturée pendant une semaine et ceux qui vont flâner à la découverte de lieux, de gens et de moments uniques.

    Une excursion inévitable, pas très loin (pas besoin de prendre l'avion, en plus ça vous coûtera moins cher) : Minerve et le Minervois. Minerve est une île de pierre creusée dans un immense plateau rocheux par deux rivières qui se croisent sous ses remparts. Village magnifique mais surtout un site exceptionnel. Village médiéval, église romane rare, petit musée sympa sur le catharisme, très bons vins.

    A faire absolument : le chemin de ronde, qui permet de faire le tour de la cité dans une cavité creusée naturellement dans la falaise. Il conduit aux deux "ponts naturels", immenses tunnels qui traversent deux plateaux. Véritable cathédrale naturelle. Sensation et fraîcheur garantie. Tout ça est évidemment gratos et libre (c'est pas disneyland). 

    Minerve (dans l'Hérault) est un haut lieu d'histoire occitane. Cité de seigneurs puissants, vassaux des vicomte de Carcassonne, la croisade des albigeois y alluma son premier bûcher. 150 parfaits cathares (sortes de prédicateurs), refusant d'abjurer leur foi jugée hérétique par le pape qui lança contre eux cette croisade - et oui, il y a eu des croisades en France - se jettèrent dans les flammes.

    Autour de Minerve, un beau pays, le Minervois. Grands vins pas cher à déguster un peu partout, bons restos, nombreuses rivières pour se baigner, mer méditerranée à 20 km. Surtout une population encore très "hérétique", une culture locale forte. Selon les goûts vous irez écouter du ska chez Jeannette à Aigues-Vives (petit bistrot de village à la pointe de l'underground) ou écouter de la musique classique dans des chapelles romanes, dormirez sur une péniche en naviguant sur le canal du midi ou dans un gîte bobo chic (Bastide des Aliberts à Minerve !), ou au camping de Bize (plus familial tu meurs).

    A voir : Cité de Minerve, Aigne (village médiéval en forme d'escargot), le musée de Sallèles (beau batiment de Roland Castro qui enveloppe les restes d'une cité de potiers gallo-romains, le musée de Narbonne (plus grande collection de fresques gallo-romains en France + peinture orientaliste), etc.

    A boire : le muscat de Saint-Jean-de-Minervois (connu dans le monde entier, petit village d'une centaine d'habitants qui a droit à son AOC perso tant le produit est unique), le meilleur rosé du monde (Domaine Sainte-Léocadie, Aigne)

    Où manger : Le chantovent (Minerve), Lo cagarol (Aigne). Deux restos gastronomiques où on mange comme nulle part ailleurs pour 25€ environ. Des restos dans tous les villages, où globalement on mange mieux qu'ailleurs pour le même prix, voire moins cher.

    Voilà, si avec ça vous allez claquer votre fric pour faire 10 heures d'avion et vous faire chier au bord d'une piscine à Caracas, ne venez pas vous plaindre. 


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  • Depuis quelques jours je suis parti à la recherche des récits de voyage dans l'histoire américaine (voir les billets sur le Journal de mon voyage en Amérique du futur Louis-Philippe et ceux consacrés à Joseph-François Lafitau, en espérant dénicher de nouvelles sources dans les jours qui viennent).

    • Pour faire une petite exploration dans la Nouvelle-France, deux expositions complémentaires, accessibles librement sur le net :

    La France en Amérique , expo-dossier de la BNF en collaboration avec la Bibliothèque du Congrès.

    Le + : contrairement aux expos virtuelles de la BNF, ici de nombreux liens vers des textes originaux intégraux.

    Le - : un discours un peu convenu (pas grand chose sur l'esclavage). Pas de présentation des oeuvres anciennes.

    Aux sources de la Nouvelle-France , expo virtuelle des Archives nationales du Canada

    Le + : un discours historique complet, beaucoup d'info.

    Le - : plus de texte que d'images (pour une expo...) et pas de lien vers des documents en texte intégral. Navigation rigide.

    Un site plus complet :

    Le musée virtuel de la Nouvelle France 

    • Côté outils et ressources :

    La Nouvelle France, ressources françaises , présentation et base de données sur le site du Ministère de la Culture.

    Une tentative de répertoire des fonds documentaires sur la Nouvelle France dans l'ensemble des établissements publics de conservation (musées, archives, bibliothèques). 


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  • A Sète, ville pas comme les autres, un musée pas comme les autres. Si vous aimez dans les musées les scénographie élégantes et monumentales à la Pei (Louvre) ou Wilmotte (Lyon, Saint-Etienne), les chefs-d'oeuvre isolé au fond de grandes perspectives, n'allez pas au MIAM, vous allez regretter les 5 € de l'entrée.

    C'est un musée d'artiste (fait par des artistes et non des conservateurs ou des muséographes), réalisé par Hervé Di Rosa dans un local commercial sur les quais du canal. De l'extérieur, ça tient plus de la poissonnerie fifties. A l'intérieur, un grand garage. Musée délibérément modeste.

    Côté oeuvres, l'expo permanente se résume à une oeuvre-fleuve réalisée par Di Rosa comme manifeste pour le musée qu'il entendait créer : une installation d'une vingtaine de vitrines où sont accumulés des milliers d'objets de l'environnement de la vie de l'artiste. Génération de la société de consommation, de la grande standardisation, Di Rosa produit des fenêtres sur l'imaginaire d'une génération, construit sur l'invasion des objets de la société de consommation de masse. Promotion d'un autre regard ou manifeste pour un pop à la française (Ben, Di Rosa, Arman, Combas, etc.) qui clôt l'ère du tout jetable

    Pour les quadra et quinqua nostalgiques, vous allez passer des heures à isoler chaque fanion publicitaire du tour de France, carton de vache qui rit et autre soldat en plomb qui feront resurgir tout le paysage de votre enfance. Pour les autres, une oeuvre surprenante, qui multiplie les points de vue possible : littéraire, chaque vitrine construisant un discours et agençant des images ; historique, celui de l'histoire de la pub, du merchandising, de la culture matérielle contemporaine ; esthétique par la mise en vitrine et les scénographies plus étudiées qu'il n'y paraît ; politique et écologique.


    Avant d'y aller, vérifier quand même s'il y a une expo temporaire, sinon, c'est un peu vide.  


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  • Dit comme ça "musée d'art et d'industrie", de surcroît à Saint-Etienne, ça fait pas forcément rêver. Pourtant Saint-Etienne vaut le déplacement pour ses musées. Un exceptionnel musée d'art moderne, assez bien connu maintenant, mais aussi son musée d'art et d'industrie. C'est le premier musée de la ville, né au XIXe siècle sous l'impulsion du puissant patronat d'industrie local, pour vanter les produits des industries stéphanoises, et former les ouvriers (ce qu'on appelait alors un "musée de fabrique").

    Après une crise d'identité consécutive aux restructurations industrielles des années 1970-1980 (notamment fermeture de Manufrance et de la MAS, symboles de la grandeur industrielle de la ville), ce musée d'industrie a fait peau neuve avec un nouveau projet muséographique, tourné vers les représentations sociales et l'histoire culturelle. C'est aujourd'hui un beau musée de société (on voudrait que tous les musées de société de province ressemblent à celui-ci) qui présente les 3 grandes industries de la ville : une fabuleuse collection de cycles (du monocycle du XVIIIe siècle aux prototypes actuels), une section textile vivante (voir la salle des métiers à tisser que des anciens ouvriers font marcher certains jours) et une extraordinaire collection d'armes.

    Pour ceux que les armes rebutent ou ne bottent pas tellement, la muséographie et les visites guidées valent vraiment le coup. Une belle collection d'armes historiques (du Moyen-âge au XIXe siècle) et les différentes productions de la ville proposent un discours sur la place de l'arme - répulsion/fascination - dans notre société. La muséographie - on doit l'aménagement à Jean-Michel Wilmotte - isole certaines pièces pour en célébrer l'esthétique. L'exposition permanente nous montre comment les fabricants d'armes ont toujours cherché une esthétisation de leurs produits, afin de rendre plus familier ce terrible objet. Voir le fusil ideal, produit par Manufrance à la fin du XIXe siècle, et qui paraît tout droit sorti d'un atelier de designer contemporain. A la suite de l'exposition "Bang Bang" des pièces originales devraient intégrer l'étage des armes : oeuvres d'artistes contemporains, art populaire.

    Les expositions temporaires amènent une originalité supplémentaire. Souvent le fruit de collaborations inattendues ("Bang Bang" avec le Musée international des arts modestes de Sète), elles inventent de nouveaux regards sur les collections industrielles, bien loin des écomusées des années 1970. Actuellement, une exposition de haute couture (Lacroix, Sorbier, Chanel, Gaultier), "Les enrubannées" ou comment le ruban (spécialité des usines stéphanoises) devient un matériau fertile de création. 

     

     


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