• A Sète, ville pas comme les autres, un musée pas comme les autres. Si vous aimez dans les musées les scénographie élégantes et monumentales à la Pei (Louvre) ou Wilmotte (Lyon, Saint-Etienne), les chefs-d'oeuvre isolé au fond de grandes perspectives, n'allez pas au MIAM, vous allez regretter les 5 € de l'entrée.

    C'est un musée d'artiste (fait par des artistes et non des conservateurs ou des muséographes), réalisé par Hervé Di Rosa dans un local commercial sur les quais du canal. De l'extérieur, ça tient plus de la poissonnerie fifties. A l'intérieur, un grand garage. Musée délibérément modeste.

    Côté oeuvres, l'expo permanente se résume à une oeuvre-fleuve réalisée par Di Rosa comme manifeste pour le musée qu'il entendait créer : une installation d'une vingtaine de vitrines où sont accumulés des milliers d'objets de l'environnement de la vie de l'artiste. Génération de la société de consommation, de la grande standardisation, Di Rosa produit des fenêtres sur l'imaginaire d'une génération, construit sur l'invasion des objets de la société de consommation de masse. Promotion d'un autre regard ou manifeste pour un pop à la française (Ben, Di Rosa, Arman, Combas, etc.) qui clôt l'ère du tout jetable

    Pour les quadra et quinqua nostalgiques, vous allez passer des heures à isoler chaque fanion publicitaire du tour de France, carton de vache qui rit et autre soldat en plomb qui feront resurgir tout le paysage de votre enfance. Pour les autres, une oeuvre surprenante, qui multiplie les points de vue possible : littéraire, chaque vitrine construisant un discours et agençant des images ; historique, celui de l'histoire de la pub, du merchandising, de la culture matérielle contemporaine ; esthétique par la mise en vitrine et les scénographies plus étudiées qu'il n'y paraît ; politique et écologique.


    Avant d'y aller, vérifier quand même s'il y a une expo temporaire, sinon, c'est un peu vide.  


    1 commentaire
  • Dit comme ça "musée d'art et d'industrie", de surcroît à Saint-Etienne, ça fait pas forcément rêver. Pourtant Saint-Etienne vaut le déplacement pour ses musées. Un exceptionnel musée d'art moderne, assez bien connu maintenant, mais aussi son musée d'art et d'industrie. C'est le premier musée de la ville, né au XIXe siècle sous l'impulsion du puissant patronat d'industrie local, pour vanter les produits des industries stéphanoises, et former les ouvriers (ce qu'on appelait alors un "musée de fabrique").

    Après une crise d'identité consécutive aux restructurations industrielles des années 1970-1980 (notamment fermeture de Manufrance et de la MAS, symboles de la grandeur industrielle de la ville), ce musée d'industrie a fait peau neuve avec un nouveau projet muséographique, tourné vers les représentations sociales et l'histoire culturelle. C'est aujourd'hui un beau musée de société (on voudrait que tous les musées de société de province ressemblent à celui-ci) qui présente les 3 grandes industries de la ville : une fabuleuse collection de cycles (du monocycle du XVIIIe siècle aux prototypes actuels), une section textile vivante (voir la salle des métiers à tisser que des anciens ouvriers font marcher certains jours) et une extraordinaire collection d'armes.

    Pour ceux que les armes rebutent ou ne bottent pas tellement, la muséographie et les visites guidées valent vraiment le coup. Une belle collection d'armes historiques (du Moyen-âge au XIXe siècle) et les différentes productions de la ville proposent un discours sur la place de l'arme - répulsion/fascination - dans notre société. La muséographie - on doit l'aménagement à Jean-Michel Wilmotte - isole certaines pièces pour en célébrer l'esthétique. L'exposition permanente nous montre comment les fabricants d'armes ont toujours cherché une esthétisation de leurs produits, afin de rendre plus familier ce terrible objet. Voir le fusil ideal, produit par Manufrance à la fin du XIXe siècle, et qui paraît tout droit sorti d'un atelier de designer contemporain. A la suite de l'exposition "Bang Bang" des pièces originales devraient intégrer l'étage des armes : oeuvres d'artistes contemporains, art populaire.

    Les expositions temporaires amènent une originalité supplémentaire. Souvent le fruit de collaborations inattendues ("Bang Bang" avec le Musée international des arts modestes de Sète), elles inventent de nouveaux regards sur les collections industrielles, bien loin des écomusées des années 1970. Actuellement, une exposition de haute couture (Lacroix, Sorbier, Chanel, Gaultier), "Les enrubannées" ou comment le ruban (spécialité des usines stéphanoises) devient un matériau fertile de création. 

     

     


    votre commentaire
  • Ici, une synthèse actualisable des différentes propositions des candidats en matière de diffusion culturelle (leur ordre est aléatoire) :

    François Bayrou sensible à la culture libre et participative, mais restant dans l'entre-deux (rémunérer au titre du droit de copie privée) :

    "Il y a, dans la vie, des choses qui ne sont pas marchandes. [...] C'est pourquoi, par exemple, j'ai tellement soutenu le logiciel libre. Grosso modo, je pense que sur internet, la logique marchande, nécessaire si l'on veut que les droits d'auteur soient respectés, et la logique d'une certaine gratuité, vont durablement coexister. Vous aurez des plate-formes de téléchargement payant moins chères qu'aujourd'hui - car aujourd'hui, il apparaît comme cher. Et vous aurez une logique plus coopérative, avec des gens qui consentiront à donner une contribution générique pour être dans l'univers des échanges. Si les petits cochons ne le mangent pas, Internet préfigure un nouveau modèle de développement pour l'humanité." source : www.telerama.fr

    "Nous sommes d'accord pour que soient réaffirmés les droits d'auteur et les droits voisins, mais nous n'acceptons pas que soit porté atteinte à d'autres droits tout aussi essentiels. La copie privée, pour un usage personnel, familial et amical, est un droit pour le consommateur, pour le citoyen qui se cultive et recherche un épanouissement. En matière numérique, ce droit se traduit d'abord par l'interopérabilité garantie par la loi, c'est-à-dire la possibilité de faire passer l'oeuvre d'un support à un autre, de la faire partager dans le cercle privé. Cela mérite une compensation équitable : je suis favorable à une indemnisation modérée de la copie privée." source : www.bayrou.fr

    Nicolas Sarkozy : difficile de trouver ses positions sur l'internet et la culture. Il parle surtout de l'internet comme outil économique. Sur l'internet et la diffusion culturelle, c'est le candidat de la défense des droits d'auteur traditionnels.

    "Nous avons eu en France un débat difficile sur la question des droits d'auteurs et des dorits voisins. Je me suis impliqué pleinement pour faire respecter le droit d'auteur, parce que créer c'est travailler, parce qu'il n'y a pas de génie sans un travail acharné et que je n'accepte pas que le travail soit spolié sous prétexte qu'aujourd'hui ce serait techniquement possible, que les producteurs de disques gagneraient trop d'argent ou que ce serait plus pratique de télécharger sur Internet plutôt que d'aller à la FNAC. Pour autant, entre utiliser n'importe comment le téléchargement, au risque de pénaliser une technique prometteuse qui est celle du peer to peer, et la répression érigée en seule solution, il y a beaucoup d'alternatives possibles." source : u-m-p.org

    Marie-George Buffet pour un service public de l'Internet : une proposition originale, un peu datée, mais qui mériterait certainement d'être creusée.

    "Il faut à la fois favoriser une large diffusion des oeuvres - ce que permet Internet - et respecter les droits des auteurs sur leurs oeuvres. Nous voulons créer des plates-formes publiques de téléchargement qui garantirons ces deux objectifs et seront financées par une taxe sur les serveurs privés." source www.telerama.fr

    Jean-Marie Le Pen : un peu vague, on ne voit pas vraiment quels sont les "intérêts légitimes" (des auteurs ? des diffuseurs ? des consommateurs ?)

    " Pour Internet, il faut se garder de légiférer trop vite. Il faut laisser se stabiliser les modes de communication pour voir comment on peut efficacement défendre des intérêts légitimes" source : www.telerama.fr

    Segolene Royal : transformer la loi DADVSI. Elle a choisi de défendre le P2P. Il reste à préciser concrètement quel serait le nouveau cadre légal qu'elle appelle de ses voeux.

    "Le numérique et le P2P sont une chance et non, comme certains le disent, une catastrophe pour la culture. S'il est indispensable de permettre une rémunération juste des créateurs et de ceux qui les entourent, il ne saurait être question de maintenir artificiellement des modèles économiques dépassés par l'évolution technique, et de maintenir un cadre légal en décalage complet avec le progrès technologique et les aspirations manifestes du public." source : www.desirsdavenir.org 


    votre commentaire
  • Les éditeurs libres, c'est une maison d'édition indépendante créée il y a un an par Rachel - qui s'occupe de l'"editing" - et Benjamin - qui s'occupe de l'"agit-prop". Autour de nous gravite désormais tout un groupe d'amis des éditeurs libres (auteurs, créateurs, photographes, graphistes, lecteurs, etc.) qui ne demande qu'à s'élargir.

    Café Jeanine, c'est un lieu de diffusion de contenus culturels (extraits de nos livres, contenus supplémentaires, info et actu de la culture dont on ne parle pas dans les big médias). Nous sommes sensibles à une culture ouverte, participative et populaire afin d'être toujours plus originaux. N'hésitez pas à poster vos commentaires et nous communiquer votre actu culturelle.

    Constamment à la recherche de nouveaux auteurs et enthousiasmés par de nouveaux projets de bouquins, si vous vous sentez en accord avec notre ton et notre programme éditorial, n'hésitez pas à nous envoyer vos manuscrits : envoi manuscrits .

    Précision importante : nous ne pratiquons pas l'édition à compte d'auteur, c'est-à-dire que nous ne faisons pas payer les auteurs pour publier leurs livres (pratique malhonnête qui se répand de plus en plus). Notre diffusion-distribution est assurée dans la France entière, dans les grandes enseignes (FNAC, Virgin, etc.) comme dans les plus petites librairies par la société Court-circuit.

    Plus d'info sur : www.lesediteurslibres.com


    votre commentaire
  • Photo : le musée en herbe, une des rares initiatives originales en matière de musées de service public (ici éducation artistique).

     

    J'ai déjà dit la pauvreté des propositions culturelles des différents candidats à la présidentielle, où les discours lyriques (sur le thème la culture est un droit inaliénable de la personne humaine, permet de transcender nos conditions, etc.) et les variations incantatoires sur motifs éculés (démocratisation) étouffent toute vision pragmatique et efficace d'une politique culturelle qu'il faut pourtant entièrmenet reconstruire.

    Preuve que personne ne rentre vraiment dans le vif du sujet : je n'ai trouvé aucune proposition en matière de musées. Les musées sont pourtant le symbole même de l'action culturelle publique : de la Révolution qui les invente pour en faire les écoles du peuple aux villes actuelles qui investissent dans leurs musées pour redynamiser leur territoire (cf. Bilbao ou Liverpool à l'étranger, Nîmes, Saint-Etienne ou le récent MacVal parmi tant d'autres).

    Les enquêtes du Ministère sur les pratiques culturelles des Français montrent que les musées, quasiment à égalité avec les bibliothèques (30 % des Français les ont fréquentés dans l'année) sont les équipements culturels publics les plus fréquentés. Un Français sur trois, c'est quand même pas mal, même si on peut certainement faire mieux (77 % des Français ont fréquenté un musée au cours de leur vie). Mais il faut d'abord remarquer que la fréquentation des musées stagne depuis les années 1980 où de grands efforts (grands travaux présidentiels, effets de la décentralisation) avaient sensiblement augmenté leur audience. Il semble même qu'elle tend à s'éroder ces derniers-temps.

    Une des causes du problème : le manque de proximité. Les musées ne sont pas considérés en France comme des services publics de proximité (on aurait beaucoup à apprendre des centres d'interprétation canadiens, pilier de la politique de cohésion sociale). Malgré le développement de politiques des publics (notamment l'essor des activités de communication ou d'action pédagogique), le musée français souffre encore de son histoire. Il demeure ce temple du savoir et des chefs-d'oeuvre du XIXe siècle, sensé impressionner le visiteur et glorifier le rayonnement culturel du pays. Le récent MacVal, musée d'art contemporain monté en banlieue parisienne par le Conseil général tente, assez solitairement, l'expérience de la machine à diffusion culturelle contre le modèle du temple de la délectation esthétique, réservé aux initiés.

    Le manque de proximité, c'est aussi l'hypercentralisation. Les musées nationaux, pourtant financés par l'ensemble des Français, sont majoritairement des musées parisiens. Les 5 musées les plus fréquentés sont des musées nationaux parisiens, qui concentrent la plupart des crédits, des professionnels et des collections, Louvre, Versailles, Orsay, Beaubourg, Picasso en tête. Si l'on ajoute à cela les nombreux musées de la Ville de Paris, les autres musées situés à Paris ou les Galeries nationales du Grand Palais (plus d'1 million d'entrées), la carte culturelle française est sans appel. De l'autre côté, il y a plus de 1200 musées estampillés "Musées de France". Ce n'est donc pas un problème d'équipement, la France étant un des pays les plus densément équipés en musées.

    Alors, quel candidat proposera une vraie politique de déconcentration culturelle (négociation d'une carte muséographique comme la BNF coordonne une carte documentaire avec ses pôles associés en région, dépôt des dizaines de milliers d'oeuvres des réserves des grands musées nationaux dans les musées de province, rattrapage des investissements parisiens avec l'allocation à des projet régionaux et outre-mer de budgets équivalents à ceux des grands travaux présidentiels parisiens des années 80-90, déplacement de certains musées parisiens, soumis à une offre culturelle trop dense dans leur environnement, dans des collectivités qui ne demandent qu'à investir, développer et diffuser ces collections, parmi les réponses les plus évidentes au problèmes des musées français).

    Quel candidat posera la question de la fonction du musée dans la société actuelle : intégration des musées dans la société de l'information, développement des technologies numériques dans les musées à des fins de diffusion culturelle universelle et de médiation à l'art, l'histoire, la connaissance, diversifier les points de vue muséographiques, ouverture des musées sur le contemporain pour en faire des machines au service de la compréhension du monde, etc.

    Bref, chers candidats, il vous reste 1 mois et demi pour parler des musées.


    votre commentaire